Le vrai du faux / Festival Art Souterrain 2019
« La question du faux me passionne aussi bien comme artiste que comme commissaire. Tout faux est une représentation et tout faussaire est un peintre…
Je suis enchanté de participer à Art Souterrain, car introduire des œuvres dans l’espace public est l’une des meilleures façons de nous interroger sur le monde qui nous entoure. Glisser de la fiction dans la réalité conduit, par exemple, à nous demander quelle est la vraisemblance de cette réalité. Ces plantes vertes disposées dans les couloirs, ces publicités qui nous guettent, cette ville souterraine… quel monde factice nous offrent-elles?
J’ai réuni des œuvres qui nous décillent tout en nous mystifiant. Un plan de métro inversé nord-sud semble irréel et demeure pourtant parfaitement exact. Un artiste, ayant sur sa carte d’identité une image de son avatar en guise de photo, est ainsi officiellement représenté par son double numérique. Des objets appartenant à notre décor quotidien se voient dédoublés par une artiste facétieuse qui, par ce jeu de gémellités, en révèle la poésie et l’étrangeté. Autant d’œuvres dispersées tout au long d’un parcours ludique. Certaines se donnent à voir d’emblée, d’autres sont à dénicher comme des œufs dans un jardin le jour de Pâques, d’autres encore falsifient la réalité, à la fois visibles et introuvables, comme la lettre cachée d’Edgar Poe.
J’ai voulu une exposition qui s’adresse autant aux amateurs d’art qu’aux passants curieux, aux usagers que l’on distrait soudain par de bienveillantes perturbations et que l’on convie ainsi à rencontrer des œuvres et – espérons-le – à savourer des formes qu’ils ne soupçonnaient pas. »
Martin Le Chevallier,
co-commissaire du Festival Art Souterrain, mars 2019